Je hais Saint-Paul de Vence

Le 28 Juillet 2010

Il y a quelques jours, pour cause de grève des aiguilleurs du ciel, Anne et moi sommes restés en rade sur la Côte d'Azur. C'est alors que j'ai eu l'idée brillante de proposer à ma chère et tendre : "j'ai jamais vu Saint-Paul de Vence, si on allait y passer les deux jours que nous avons à perdre?". Aussi sec, nous voilà en route, la tête pleine de belles images, excités à l'idée de surprendre Modigliani partager un pastis avec Jacques Prévert et Picasso à la terrasse de la Colombe d'Or.

En guise de deux jours, nous nous sommes enfuis après une demi-heure. Saint-Paul de Vence en été, c'est Disneyland en pire et sans la parade Mickey. Des dizaines de bus vomissent des grappes de touristes en short sous une chaleur plombante et les petites rues si "authentiques" sont tellement bondées que les groupes doivent rentrer au compte-goutte dans la ville. Les guides brandissent des panneaux et hurlent comme des caporaux-chefs  (ils sont pires que les caporaux pas chef) sur les gens : "maintenant, on prend la photo", "maintenant, on va à la boutique souvenir", "maintenant, on retourne dans le bus"...

La semaine précédente, nous nous sommes baladés en Corse et nous n'avons pas vu un touriste. Le seul problème en moto sur l'île de beauté (qui n'a décidément pas volé son surnom), ce sont les animaux qui se la coulent douce au milieu des routes et qu'on peut se choper au détour d'un tournant. Une vache ou un cochon sauvage en collision frontale à 60 km, ça peut faire mal à la tête. Heureusement, on vous prévient du danger.

On devrait conseiller aux habitants de Saint-Paul de Vence d'utiliser les mêmes panneaux. Et si, comme en Corse, ils pouvaient faire du saucisson avec leurs animaux en divagation, je vous assure que Saint-Paul de Vence serait la capitale mondiale de la charcuterie.