movie

Vive la France libre

Le 12 Novembre 2014

Pour une fois, je ravale mon couplet sur le cinéma français qui ne produit que de la daube car je viens de recevoir deux claques successives qui me laissent encore tout étourdi.

Vu en avance : Réalité. Quentin Dupieux annonce bien le topo de son nouveau film : "J'ai essayé de faire Inception en moins chiant et en plus drôle". Réalité est une farce absurde sur les rêves éveillés et les cauchemars de pleine conscience servi par Alain Chabat en guest star désabusée. La B.O n'est pas de Mr Oizo himself  mais se résume à une boucle de dix secondes de Philip Glass. Une belle pièce montée de loufoquerie.

http://www.youtube.com/watch?v=9mRBYYgpbE4

Vu en retard dans l'avion : Les Combattants. Un regard contemporain et jeune sur l'évolution du monde et les relations humaines. Je ne sais rien ou presque du réalisateur, des acteurs et du compositeur de la B.O (mention spéciale) mais cet ovni pessimiste, drôle et charnel est annonceur de belles choses à venir. A mon avis, Adèle Haenel devrait assez rapidement rentrer dans le Top 5 des actrices françaises.

http://www.youtube.com/watch?v=hyT4gEKn-ck

Sinon, pour rester dans la culture française, il parait que Bruel était de passage à LA le week-end dernier. Patrick ose tout et n'a pas peur de reprendre Bowie. A voir la vidéo, sa prestation reprend les attributs des deux films que j'ai aimés : entre cauchemar réveillé et ovni de drôlerie.

https://www.youtube.com/watch?v=KCq_4EVpyQQ

Never mind the Bullock

Le 12 Octobre 2013

Untitled-1

Je viens d'aller voir Gravity, modestement marketé comme le plus grand film du monde.

En résumé, ça ressemble à "On a marché sur la Lune" mais sans les Dupondt et leur barbe verte. A la place, il y a Sandra Bullock en Tintin botoxé qui halète non-stop dans son scaphandre et essaie d'appeler la base de Houston qui ne répond pas. Il y a aussi Georges Clooney, qui ne se contente plus de faire la voix de Buzz l'Eclair et semble très heureux de pouvoir enfiler un vrai costume de cosmonaute. Comme d'hab, Georges a son petit air enjôleur et même dans les moments les plus critiques (une comète lui arrivant dans la gueule), il parvient à garder son sens de l'humour et détendre la stratosphère.

Au début, Sandra et Georges s'amusent à voler en apesanteur dans l'espace et on a l'impression de regarder des enfants sur les chevaux de bois à la kermesse: on est contents pour eux mais c'est très long. Après 30 minutes, il y a une pluie de météorites qui se pointe et le vaisseau explose. Alors, Georges attache Sandra en laisse et l'emmène jusqu'à une station russe qui trainait par là. Puis, la mauvaise nouvelle, c'est que Georges meurt en s'emberlificotant comme le Capitaine Haddock. La bonne nouvelle, c'est que Sandra est maintenant seule dans l'espace et on se met à espérer qu'elle va y rester pour de bon. 

C16 08 D2 COLOR

Mais la bougresse parvient à rentrer dans le Soyouz et après avoir feuilleté rapidemment le mode d'emploi écrit en russe, elle parvient à le redémarrer. Mais re-mauvaise météo intergalactique, re-pluie de météorites et re-vaisseau qui part en sucette. Alors, Sandra s'envole sur un extincteur (si,si...) et rejoint un autre vaisseau chinois qui lui aussi était dans le coin. Mais décidément, quand ça veut pas, ça veut pas : la jauge d'essence style mobylette indique que l'appareil n'a plus d'essence. Sandra commence à disjoncter en se parlant à elle-même pendant dix minutes. Ensuite, elle prie et heureusement le vaisseau chinois repart mais il explose quand même. 

Enfin, Sandra arrive à revenir sur terre et quand elle sort de la capsule dans son petit short moulant, on se demande comment son maquillage a survécu à toutes ces désintégrations. C'est ce qu'on doit appeler la magie du cinéma. 

Jacques-Villeret-dans-La-soupe-aux-choux_scalewidth_300Sandra Bullock sur le tournage

Nathalie Wood

Le 13 Septembre 2013

Si un jour je devais malencontreusement me réincarner en Vincent Delerm et être condamné à faire du name-dropping tous les quatre matins, je célébrerais l'incommensurable beauté de Nathalie Wood. Et dans ma chanson, je lui interdirais de mourir par noyade.

bcta9Nathalie Wood in Bob & Carol & Ted & Alice (1969)

Smith

Le 22 Février 2013

Dans deux jours, les Oscars récompenseront sans doute des films qu'on aura probablement oublié dans 6 mois (le banal Argo et le gonflant Silver Lining Playbooks,...).

Ce soir, j'ai revu avec Sasha l'un des joyaux du cinéma américain qui a gardé sa modernité intacte. Il a été réalisé il y a 74 ans et on y parle beaucoup d'un certain Lincoln. Tiens, tiens, ça voudrait dire que ce personnage n'aurait donc pas été inventé par Spielberg...Comme quoi, le cinéma, ça rend moins con.

Smith_goes

Sugar Man

Le 21 Septembre 2012

Connaissez-vous la légende de ce type qui composa deux des plus beaux albums de l'histoire de la musique américaine au début des années 70 et disparu aussitôt de la circulation sans jamais avoir trouvé de public dans son pays? L'histoire aurait pu s'arrêter là si ce n'est que, sans le savoir et completement par hasard, il devint une icône de la jeunesse en Afrique du Sud où il fut "bigger than Elvis". Trente ans plus tard, un journaliste du Cap part à la recherche de l'énigmatique song-writer donné pour mort et fini par le retrouver au fin fond du Michigan. Une nouvelle histoire commence.

Searching For Sugar Man raconte la belle épopée et le retour à la lumière d'un artiste unique. Cold Fact et Coming From Reality figurent au dessus de la pile de mes albums de chevet et je n'ai jamais compris comment cette musique a failli tomber aux oubliettes. Il faut croire qu'il n'est jamais trop tard pour espérer. Viva Rodriguez.

httpv://youtu.be/QL5TffdOQ7g

:-)

Le 24 Avril 2012

Le meilleur moyen de savoir si une comédie résiste à l'offensive des années est de la montrer aux nouvelles générations. Quand j'étais petit, je trouvais déjà Fernandel supra pénible mais ce n'est sans doute rien à côté de la réaction que pourraient avoir mes enfants s'il me venait l'idée de leur infliger les facéties pathétiques de Don Camillo.

Par contre, dimanche soir on a mis The Party (1968) au banc d'essai et Diego a classé illico Peter Sellers dans son top 5 de l'hilarité. Comme dans Playtime (1967) de Tati (influence revendiquée de Blake Edwards), le film suit un personnage de doux rêveur plongé malgré lui dans le tohu-bohu burlesque du monde contemporain et bien entendu, le gogo n'est pas toujours celui que l'on croit.

Au bon milieu de la réception qui dégénère dans une maison ultra-moderniste et imaginaire de LA, on retiendra cette scène de coolitude absolue où la gracieuse Claudine Longet  chante une bossa-nova toute douce d'Henry Mancini devant des hommes fumant le cigare et des femmes aux coiffures improbables. La nostalgie camarade...

httpv://www.youtube.com/watch?v=_KEwPO3femI

Doggywood

Le 26 Février 2012

Ce week-end à Los Angeles, il n'y a pas eu d'autres sujets de conversation que l'oscarisation de The Artist de Michel Hanavazavasivanicius et on dirait bien qu'en quelques semaines, les américaines, qu'elles soient pubères ou non, sont toutes tombées amoureuses du "so cute Jean Dujardinne".

Dans les semaines qui viennent, on risque de se manger The Artist à toutes les sauces et en attendant le Dujardin Cheese Burger, chacun exploite le filon comme il peut. L'Oscar du piège à couillon revient à la chaîne d'aliments pour chiens Petco qui hier après-midi organisait une rencontre avec Uggie, le chien du film. J'ai donc pu voir des gens apparemment sains d'esprit obligés de faire la file à l'extérieur du magasin pendant que la star canine, affublée d'un noeud papillon, recevait un par un ses admirateurs pour une photo-souvenir ("non Madame, il ne signe pas d'autographe"). Devant le burlesque de la scène et un peu comme le personnage de Dujardin, on en serait presque resté sans voix.

La gloire est éphémère

 Le 18 Décembre 2011

Un peu comme le nougat à Montélimar ou le pneu à Clermont Ferrand, l'industrie du cinéma est le poumon économique et le principal liant social de Los Angeles. Si vous voulez participer aux conversations et gagner de nouveaux camarades, il est recommandé d'avoir un tant soi peu l'âme cinéphile et suivre de loin les sorties hebdomadaires ("Extraordinaire, ce Roger Rabbit!" ne suffira pas). En ce qui me concerne et à ma grande honte, je dois avouer que je ne vais pas assez souvent au cinéma, ma seule excuse valable étant que j'ai souvent du mal à me concentrer sur le film tellement je suis obsédé par le bruit hypnotique des pop-corns engloutis par mes voisins.

Cette semaine, j'ai vu coup sur coup The Artist et Hugo, les grands favoris des prochaines cérémonies d'auto-congratulation des Golden Globe et des Oscars. Les deux films se déroulent avant la guerre mais traitent du thème inaltérable de la fugacité du succès; l'éternel vieux démon d'Hollywood. The Artist est un bel exercice de style et les deux acteurs principaux sont éblouissants mais ma préférence va à Hugo; conte mi-poétique, mi-historique (la référence à Geroges Méliès) illuminé par la maestria de Martin Scorcese. Il faut voir ce film avec un enfant de huit ans et voir ses yeux briller (c'est une expression, on ne voit pas les yeux sous les lunettes 3D). Si vous n'avez pas d'enfant, louez-en un et prenez l'option sans pop-corn.

Le beau et la bête

Le 30 Octobre 2011 En voyant ce week-end une photo récente de Robert Redford, ce dialogue imaginaire m'est venu à l'esprit.

- Bureau de la décrépitude, j'écoute...
- Bonjour Madame, c'était pour savoir si il y avait moyen de pouvoir vieillir comme Robert               Redford et être classe comme lui quand j'aurai 75 ans?
- Vous avez quel âge Monsieur?
- 44 ans
- Et actuellement, vous ressemblez à Robert Redford quand il avait 44 ans?
 - ...
- Je vais plutôt vous passer ma collègue des objets perdus. En vous remerciant et bonne fin de journée.

Robert Redford,  2011

Bon sinon, j'ai enfin vu Drive ce soir. Ryan Gosling est excellent et LA a rarement été aussi bien filmée. Cela dit, l'ambiance et le cachet du film sont quand même un peu trop inspirés par le Wild At Heart de Tonton David (il n'y en a décidemment que pour lui). A ce propos, on notera que les bad boys de Drive sont quasi des enfants de choeur comparés au plus méchant des méchants; l'immonde et terrifiant Bobby Peru.

Willem Dafoe, 1990

Your name is Lebowski, Lebowski.

Le 26 Septembre 2011

 

Ce week end, dans un bowling du sud de Los Angeles, plusieurs centaines de joyeux zozos se réunissaient comme chaque année afin de célébrer la mémoire bienfaisante du Dude. Au delà du fait que les américains adorent se réunir pour partager un frémissement d'exaltation collectif, il faudrait un jour qu'un sociologue se penche sur le succès grandissant de ces Lebowski Fests et plus généralement sur le culte voué au film à travers le monde depuis plus de dix ans. Personnellement, rien ne m'a fait plus rire au cinéma que la scène de dispersion des cendres de Donny par Walter Sobchak.

httpv://www.youtube.com/watch?v=BXkpZ1AZM2M

Qu'est-ce qu'il est lent ce guépard...

Le 8 Mars 2011

L'autre soir, j'ai proposé à mes filles de regarder Le Guépard, non sans leur faire comprendre, fier comme un coq, qu'elles avaient de la chance d'avoir un père qui les initie aux classiques du cinéma. Elles se sont regardées d'un air entendu qui semblait dire "laissons-le faire, ça lui fait tant plaisir...".

Ensuite, elles m'ont assez vite énervé en me posant des questions historiques du genre "dis Papa, je ne savais pas qu'il y avait eu une guerre en Italie, tu peux nous en dire plus?". Comme j'étais infoutu de répondre, j'ai hurlé "mais on s'en fiche de cette guerre, regardez plutôt comme Alain Delon est beau". Alors Léa, insatisfaite est partie sur wikipédia, nous a expliqué le pourquoi et le comment de la révolution italienne et ça m'a enervé encore plus. Au bout, d'une demi-heure, comme tout le monde était à moitié endormi par les travellings interminables de Visconti, j'ai bien du me rendre à l'évidence que Le Guépard doit se regarder le matin après avoir bu cinq cafés. J'ai donc proposé Annie Hall comme chef d'oeuvre de remplacement.

En 1977, Woody Allen est au sommet de son art et dans Annie Hall, il s'en paie une bonne tranche sur les aspects grotesques d'Hollywood ("I don’t want to move to a city where the only cultural advantage is being able to make a right turn on a red light"). Les scènes dans lesquelles Woody (Alvy Singer) s'envole pour la Californie afin de surveiller Diane Keaton (Annie Hall) charmée par les avances d'un chanteur à Grammy interprété par Paul Simon illustrent magnifiquement la rivalité sociologique entre NY et LA.

A voir et revoir, d'ici ou d'ailleurs.

httpv://www.youtube.com/watch?v=Jy6dkkuXag8&feature=player_embedded

We are being colonized

Le 3 Mars 2011

Je découvre par hasard l'affiche du film "Battle : Los Angeles" (sortie imminente) et je suis  frappé par la ressemblance avec le dessin de Raymond Pettibon que je viens de mettre sur ce blog il y a quelques heures. "Battle : Los Angeles" est un film de SF s'inspirant d'un fait authentique de la deuxième guerre mondiale : dans la nuit du 24 Février 1942, des objets volants non identifiés ont été repérés dans le ciel de LA; à la suite de quoi la paranoia s'est rapidement répandue et le couvre-feu installé pendant plusieurs jours.

"Battle : Los Angeles" a l'air d'un film d'anticipation assez classique mais je me réjouis de voir des vilains aliens envahir la ville et y mettre le souk intégral. Et puis, regarder des surfeurs se prendre des bombes sur le coin de la tronche, moi, ça me relaxe.

httpv://www.youtube.com/watch?v=CWPkJD0YHeM

Rappelons pour nos amis les jeunes que The Battle Of Los Angeles est aussi un disque de Rage Against The Machine qui parle d'autres combats tout aussi violents mais parfaitement authentiques.

Lloyd

Le 18 Février 2011

Il y a des gens qui , tous les matins, la mine déconfite et l'attaché case à la main, prennent le bus sous la pluie pour se rendre au bureau et vendent des polices d'assurances-vie pendant huit heures. Question boulot craignos, il y en a d'autres qui font téléphoniste pour call-center, gardien de salle au musée du textile d'Arras ou chef de rang dans un crématorium.

Pendant son temps, mon ami Lloyd travaille aussi mais son boulot consiste à se déguiser en cosmonaute, aller sur la lune, se faire piquer par des insectes extra-terrestres et mourir avec la tête qui éclate. Il y en a qui se marrent plus que les autres. La vie est injuste.

httpv://www.youtube.com/watch?v=RyhXdEjb46Y

Drugstore (3)

Le 16 Décembre 2010

Podcast d'une chronique dans l'émission Drugstore sur Pure fm (15/12/2010), listomania de fin d'année avec mes choix du meilleur et du pire, mon top 3 des albums et de la chanson de 2010.

[display_podcast]

 

Pour échapper à cette morosité créatrice venant avec l'âge et souvent de mise dans la musique, Brian Eno ne se répète jamais. Il a mis sa griffe sur les projets musicaux les plus novateurs de ces 40 dernières années et a toujours connu l'excellence. Après avoir métamorphosé le son de Roxy Music, Bowie ou Talking Heads, il est l'influence avouée des meilleurs artistes de la génération d'aujourd'hui. Il vient de publier son nouvel album Small Craft On A Milk Sea sur le légendaire label Warp. Comme cure de jouvence, MGMT lui offre une chanson éponyme, "Brian Eno". Et si c'était lui l'homme de l'année?

httpv://www.youtube.com/watch?v=E7ISc-b-6CE

Drugstore (2)

Le 1er Décembre 2010

Podcast d'une chronique sur LA, la musique et les USA dans l'émission Drugstore sur Pure fm (30/11/2010). Thèmes en vrac : Somewhere de Sofia Copolla et le Château Marmont, Freedom de Jonathan Franzen et Warpaint. Oui je sais, je traîne un accent belge, on me le dit souvent. Vu que je n'ai pas le choix, on va dire que je l'assume...

[wpaudio url="http://www.sundaymemories.com/wp-content/uploads/2010/12/Drugstore-30_11_10.mp3" text="Drugstore 30 Nov 2010"]

httpv://www.youtube.com/watch?v=MxBvRgenbBc

Jimmy Scott

Le 21 Octobre 2010

Jimmy Scott est souvent présenté comme le chanteur américain du xxe siècle le plus injustement ignoré. Sa voix ambigüe est presque surnaturelle.

Dans Scotch & Milk, le film mise en scène et interprété par Adam Goldberg en 1998, il y a une scène absolument chavirante au cours de laquelle Jimmy Scott interprète "Sometimes I Feel Like A Motherless Child".

Comme dirait mon ami Damien : "une claque".

httpv://www.youtube.com/watch?v=NsO22FOS6Aw

Drugstore

Le 5 Octobre 2010

Suite à l'invitation de Pure FM, voici le podcast d'une chronique sur LA, la musique et les USA dont la première est passée hier soir dans Drugstore. Thèmes en vrac : le Tea Party, Joaquin Phoenix dans le film "I am Still Here" et l'album d'Ariel Pink (extrait "Bright Lit Blue Skies" en vidéo).

[wpaudio url="http://www.sundaymemories.com/wp-content/uploads/2010/10/Drugstore-04_10_10.mp3" text="Drugstore 04/10/2010"]

httpv://www.youtube.com/watch?v=fIjwZecUeaw

See me, feel me, touch me, heal me.

Le 27 Septembre 2010

Il y a quelques semaines, en lisant pour la nième fois que Tommy était un chef d'oeuvre musical qui se devait de figurer dans toute discothèque idéale, je me suis enfin décidé à acheter cet opéra-rock dont le côté tarte à la crême psyché m'avait toujours un peu effrayé. Jusqu'alors, ce que je connaissais des Who ne m'avait jamais vraiment captivé mais je dois avouer que depuis, j'ai viré ma cuti et j'écoute la pièce-montée en boucle.

Hier après midi, statufiés par la canicule du début d'automne plombant L.A (45°, record historique), nous nous sommes plongés dans l'adaptation cinématographique de Tommy réalisée en 1975 par Ken Russell. L'esthétique et la symbolique du film font penser à un remake musical de Clockwork Orange comme si Stanley Kubrick avait pris de l'acide. Beaucoup d'acide.

Les thèmes désuets sont un reflet de l'époque (hymne à la subversion et à la liberté, critique de la religion et de la société traditionnelle anglaise) et les allégories psychanalytiques à deux balles sont légion mais le résultat est globalement très réjouissant. En témoignent ces deux scènes où se côtoient dans l'ordre la mère sexy et décadente de Tommy, une avalanche kitsch-gore de savon, de beans "made in England" et de chocolat et enfin, cerise sur le gâteau, Jack Nicholson, plus inquiétant que jamais dans son interprétation de Go to the mirror.

httpv://www.youtube.com/watch?v=k8T1ZR98aEA

httpv://www.youtube.com/watch?v=wxfPIe2qqxw

Tonight the streets are ours

Le 27 Mai 2010

Hier soir, nous avons rattrapé "Exit Through The Gift Shop", le merveilleux film de Banksy, artiste britannique dont personne ne connaît ni le visage ni le nom. En quelques années, Banksy est devenu la référence mondiale du street art, le mouvement de contre-culture le plus important de ce début de millénaire. Les guerilla artists travaillent la nuit, souvent dangereusement perchés sur les toits des grandes villes, bien au dessus du regard de la police. Les œuvres sont poétiques ou politiques (mais par définition éphémères) et combinent graffitis, pochoirs, affiches, spray painting ou installations sauvages. Du vandalisme noble et souvent nécessaire.

Banksy (mur séparant la ville palestinienne d'Abu Dis et Jérusalem)

Le film suit Thierry Ghetta, français vivant à Los Angeles et filmeur compulsif qui s'est débrouillé pour suivre pendant huit ans et à travers le monde la crème du street art (Shepart Fairey, Monsieur André, Zevs, Space Invader et Banksy himself). Une fois réalisé, le film de Ghetta s'avère être un ratage intégral et c'est alors qu'il ambitionne d'être artiste à son tour sous le pseudonyme de Mr Brainwash. Se prenant au jeu, il organise à Los Angeles une exposition démesurée de ses oeuvres minables et... c'est un succès. Le sympathique frenchy naïf du début se transforme peu à peu en une créature repoussante. Dr Guetta et Mr Brainwash.

"Exit Through The Gift Shop" est d'abord un documentaire passionnant sur le développement puis la récupération du street art par ll'industrie du marché de l'art contemporain. Mais c'est aussi un film sur la vanité. Banksy, comme dans son oeuvre graphique, apporte un regard critique et sarcastique, une remise en question pleine de justesse et de finesse de notre société; sans jamais être prétentieux ou donneur de leçon. Enfin, reste à savoir si Mr Brainwash existe vraiment ou si il est une figure de style imaginée par Banksy, une imposture sur un imposteur.

httpv://www.youtube.com/watch?v=a0b90YppquE

Toujours à propos de street art, je vous engage à aller voir la rétrospective d'Ed Templeton (artiste californien des Beautiful Losers) au SMAK de Ghent jusqu'au 15 Juin 2010.