Mireille Mathieu, ta gueule!

Le 15 Septembre 2010

Des blagues rances et un spectacle grotesque offerts par une bande de réactionnaires mal-baisés (ou pas du tout) manifestant contre l'exposition de Murakami au Château de Versailles considérée comme insulte au patrimoine et à la grandeur de la France.

SI nul n'est contraint d'apprécier les oeuvres de l'artiste japonais, on a du mal à comprendre un tel comportement haineux à l'égard d'une proposition artistique. L'ambiance délétère que font régner Sarkozy et ses sbires (dont l'immonde Hortefeux) à l'encontre de tout ce qui est étranger ou moderne ne fera sans doute qu'attiser un peu plus cette attitude rétrograde ancrée dans une partie de la population française (j'ai bien dit une partie).

Il n'empêche, ce complexe de supériorité du "bon goût" braqué sur les splendeurs passées font que Paris (jadis centre mondial artistique) est devenu la capitale d'un pays de seconde catégorie tant sur le plan de la création que du marché de l'art.

Finalement, il est savoureux d'imaginer que ces vieilles pies radoteuses de Versailles ont certainement la moitié de leur garde-robe griffée au nom de Louis Vuitton, une marque récemment déniaisée par un certain Murakami.

httpv://www.youtube.com/watch?v=mq3mSm948Hs

Alors que je viens de poster cet article, je tombe par hasard sur un article de Philippe Sollers écrit en 1999 dans Le Monde, trois ans avant que Jean-Marie Le Pen ne se retrouve au deuxième tour des élections présidentielles. L'article s'appelle "La France moisie" et est plus que jamais d'actualité.

Elle était là, elle est toujours là ; on la sent, peu à peu, remonter en surface : la France moisie est de retour. Elle vient de loin, elle n’a rien compris ni rien appris, son obstination résiste à toutes les leçons de l’Histoire, elle est assise une fois pour toutes dans ses préjugés viscéraux. Elle a son corps, ses mots de passe, ses habitudes, ses réflexes. Elle parle bas dans les salons, les ministères, les commissariats, les usines, à la campagne comme dans les bureaux. Elle a son catalogue de clichés qui finissent par sortir en plein jour, sa voix caractéristique. Des petites phrases arrivent, bien rancies, bien médiocres, des formules de rentier peureux se tenant au chaud d’un ressentiment borné. Il y a une bêtise française sans équivalent, laquelle, on le sait, fascinait Flaubert. L’intelligence, en France, est d’autant plus forte qu’elle est exceptionnelle.

La France moisie a toujours détesté, pêle-mêle, les Allemands, les Anglais, les Juifs, les Arabes, les étrangers en général, l’art moderne, les intellectuels coupeurs de cheveux en quatre, les femmes trop indépendantes ou qui pensent, les ouvriers non encadrés, et, finalement, la liberté sous toutes ses formes.

La France Moisie (extrait), Philippe Sollers, printemps 1999.

httpv://www.youtube.com/watch?v=PqX5GHZKA_4