Fake

 Le 28 Août 2012

J'ai enfin vu Las Vegas.

La ville peut inspirer la franche rigolade désabusée si l'on a déjà plus aucun espoir dans la race humaine. Au contraire, elle peut flanquer un cafard monstrueux tellement elle semble rassembler la plupart des dérives de notre civilisation.  Personnellement, je hais cet endroit car le putain d'airco omniprésent m'a donné un torticolis magistral et se les geler en plein désert est une incongruité dont je pourrais allégrement me passer.

J'ai donc vu Las Vegas et puisque je ne pourrai pas l'oublier, je me souviendrai de ce pastiche de Venise et de son gondolier (aussi italien que je suis Mormon) singer du Verdi sous un faux ciel peint éclairé au néon. Je me souviendrai aussi d'un sosie d'Elvis, noir et même pas obèse, faire le tapin en plein jour; des bandits manchots programmés pour détrousser des hordes de retraités en short; des mexicains édentés qui vous promettent a girl with you in 20 minutes; des gens qui jouent en faisant la gueule; des verres gigantesques en forme de Tour Eiffel à 30$ au slogan Take Home A Part Of Paris; des chinois posant devant des statues en plastique de Venus romaines... C'est bon, j'arrête là.

Enfin, je retiendrai surtout le visage mélancolique de Guadalupe, serveuse latino qu'on a déguisée en bretonne dans une crêperie en carton-pâte de l'hôtel Paris, m'avouer que le plus cher de ses rêves serait de voir un jour le vrai ciel de Paname. Loin du toc et de l'air glacial des aircos de Vegas.