1000 ans chez le coiffeur

Le 20 Octobre 2010

Quand je vais chez un coiffeur, j'angoisse quand vient la sempiternelle question "alors, qu'est qu'on va vous faire aujourd'hui?". Comme je ne peux pas lui répondre "bah, tu vas me couper les cheveux, andouille", j'ai trouvé une phrase plus précise en matière de design capillaire que je ressors à chaque fois et qui fait généralement son effet : "j'aimerais que vous m'enleviez du volume".

Souvent, le dialogue s’arrête là mais parfois certains coiffeurs poussent le vice plus loin et souhaitent approfondir la relation coiffeur/coiffé sur des sujets divers et variés. Non seulement, je n’ose pas leur hurler “pourriez-vous la fermer et de me laisser lire mon Gala” mais en plus, mon angoisse ne faisant qu’augmenter à force que le silence s’installe, voilà qu’à mon tour, je recherche des sujets de conversation…

Ce matin, j'ai trouvé matière à combler ces silences pour les mille prochaines années. Que grâce soit rendue aux météorologues polonais.

The boys watch the girls while the girls watch the boys who watch the girls go by.

Le 18 Octobre 2010

Réalisée il y a presque 10 ans par la photographe de Los Angeles Lauren Greenfield, la série Girl Culture (exposée en ce moment au Getty) est une bombe à fragmentation sociologique.

Portrait au vitriol de la société américaine contemporaine, Girl Culture analyse le rapport des femmes avec leurs corps et montre comment, dès le plus jeune âge, l'identité féminine trouve sa pleine expression dans le contrôle et la mise en valeur du corps jusqu'à l'obsession exhibitionniste.

L'univers de Lauren Greenfield fait la jonction entre le regard intime et tragique porté par Larry Clark sur l'adolescence et l'exploration corrosive de la société contemporaine inventoriée dans les photos de Martin Parr.

[wpaudio url="http://www.sundaymemories.com/wp-content/uploads/2010/10/Music-To-Watch-Girls-By.mp3" text="Ray Conniff - Music To Watch Girls By"]

Sheena tries on clothes with Amber, 15,in a department store dressing room, San Jose, California

Contestants in the Fitness America competition pose for a photograph, Redondo Beach, California

Allie, Annie, Hannah, and Berit, all 13, before the first big party of the seventh grade, Edina, Minnesota

Playmate Suzanne Stokes, 21, at the Playboy Mansion, Los Angeles, California

Melanie

Le 13 Octobre 2010

Je ne fais pas une fixette sur Glenn Beck mais le personnage et son histoire sont décidemment captivants et apportent une perspective sur l'Amérique que nous connaissons ou comprenons mal (je parle pour moi).

Hier soir, interrompant la lecture passionnante de  Glenn Beck, "The Tears of A Clown" de Dana Milbank, je me suis plongé dans les eaux fétides de son website. Si le coeur vous en dit, allez y faire un tour et découvrez l'univers du porte-parole (très) médiatique du Tea Party.

A propos d'un article sur Obama, j'y ai trouvé ce commentaire d'une certaine Melanie Janisse Duke. Malgré l'apparente douceur du visage, on reste sans voix devant ces propos démontrant assez bien le lavage de cerveau entrepris par Glenn Beck et sa bande sur leurs concitoyens.

J'ai demandé être l'ami de Melanie sur Facebook, j'attends toujours la réponse...

My name is Diego...

Le 8 Octobre 2010

but not yet Maradona.

Si le choix d'un prénom doit amener des dispositions à l'enfant qui le porte, on appellera le prochain Wolfgang Amadeus.

httpv://www.youtube.com/watch?v=HIrRTNN92bE

(images Thierry Vivier)

C'est toujours la même chanson

Le 5 Octobre 2010

Sébastien Tellier, l'unique bûcheron aux bottes blanches et pantalon brillant, était la semaine passée à Los Angeles. Si sa ritournelle n'est pas d'hier, elle est encore très loin de la date de péremption. Un bonheur répété.

httpv://www.youtube.com/watch?v=AQtDUxgWWE0

(images Thierry Vivier)

Drugstore

Le 5 Octobre 2010

Suite à l'invitation de Pure FM, voici le podcast d'une chronique sur LA, la musique et les USA dont la première est passée hier soir dans Drugstore. Thèmes en vrac : le Tea Party, Joaquin Phoenix dans le film "I am Still Here" et l'album d'Ariel Pink (extrait "Bright Lit Blue Skies" en vidéo).

[wpaudio url="http://www.sundaymemories.com/wp-content/uploads/2010/10/Drugstore-04_10_10.mp3" text="Drugstore 04/10/2010"]

httpv://www.youtube.com/watch?v=fIjwZecUeaw

Les présidents et nous

Le 3 Octobre 2010

Le 29 août dernier, Obama était à New Orleans afin de commémorer les cinq ans de la catastrophe qui a suivi l'ouragan Katrina.

Mon ami Thierry, journaliste à l'AFP, couvrait l'événement et a pris cette belle image que l'on croirait réalisée sur le plateau d'un studio de cinéma tant chaque personnage, Obama y compris, semble figé dans son rôle (scène particulièrement saugrenue : cette maman qui semble donner la becquée à son enfant en tournant le dos au président). Pourtant, il s'agit bien d'une photo prise à la volée, exercice pour sniper d'image exigeant maîtrise et rapidité. Ce n'est pas tous les jours que  le président des USA passe à moins de deux mètres de votre ligne de mire. Dans ces cas là, il ne faut pas manquer sa cible.

Ce matin, au marché aux puces de Pasadena, j'ai acheté ces deux petits bustes de JFK pour 10$. J'ai toujours aimé ces objets de culture populaire (j'avais déjà un très beau buste de Mozart en faux plâtre ciré).  Diego a voulu mettre les deux Kennedy dans sa chambre alors je lui raconté pourquoi JFK était aussi important dans l'émotionnel collectif américain. Je me demande si dans 50 ans, les petits garçons mettront dans leur chambre des bustes de Nicolas Sarkozy ou d'Yves Leterme. A moins qu'André Flahaut?...

NY Songs

Le 30 Septembre 2010

Il doit y avoir des milliers de chansons sur New York.

Mes préférées sont celles de LCD Soundsystem (New York I Love You), T Rex (New York City), Lou Reed (New York Telephone Conversation), The Strokes (New York City Cops),  Sex Pistols (New York), Gil Scott Heron (New York is killing me) et Herman Dune (Take him back to New York City).

Récemment, j'ai découvert cette merveille que je ne connaissais pas et que je rajoute à mon palmarès.

[wpaudio url="http://www.sundaymemories.com/wp-content/uploads/2010/10/05-Manhattan.mp3" text="Blossom Dearie - Manhattan"]

See me, feel me, touch me, heal me.

Le 27 Septembre 2010

Il y a quelques semaines, en lisant pour la nième fois que Tommy était un chef d'oeuvre musical qui se devait de figurer dans toute discothèque idéale, je me suis enfin décidé à acheter cet opéra-rock dont le côté tarte à la crême psyché m'avait toujours un peu effrayé. Jusqu'alors, ce que je connaissais des Who ne m'avait jamais vraiment captivé mais je dois avouer que depuis, j'ai viré ma cuti et j'écoute la pièce-montée en boucle.

Hier après midi, statufiés par la canicule du début d'automne plombant L.A (45°, record historique), nous nous sommes plongés dans l'adaptation cinématographique de Tommy réalisée en 1975 par Ken Russell. L'esthétique et la symbolique du film font penser à un remake musical de Clockwork Orange comme si Stanley Kubrick avait pris de l'acide. Beaucoup d'acide.

Les thèmes désuets sont un reflet de l'époque (hymne à la subversion et à la liberté, critique de la religion et de la société traditionnelle anglaise) et les allégories psychanalytiques à deux balles sont légion mais le résultat est globalement très réjouissant. En témoignent ces deux scènes où se côtoient dans l'ordre la mère sexy et décadente de Tommy, une avalanche kitsch-gore de savon, de beans "made in England" et de chocolat et enfin, cerise sur le gâteau, Jack Nicholson, plus inquiétant que jamais dans son interprétation de Go to the mirror.

httpv://www.youtube.com/watch?v=k8T1ZR98aEA

httpv://www.youtube.com/watch?v=wxfPIe2qqxw

1937

Le 22 Septembre 2010

Récemment, le cousin de mon père a retrouvé dans ses cartons un film famlial datant de 1937. On y voit mon père, fils unique et orphelin de père depuis l'âge de six ans jouer au milieu de ses cousins dans une maison bourgeoise du nord de la France. Sans doute était-ce un dimanche ou le jour de Pâques.

Je me suis rendu compte que c'est la seule video que j'ai de lui de son vivant. Bien qu'il était photographe, je l'ai toujours connu se dérobant lorsqu'il sentait qu'un objectif allait lui voler une image.

Ces moments d'insouciance enfantine me font penser autant à lui qu'à mon fils. Je me sens entre deux rives.

Si je devais choisir une chanson qui incarne le passé et l'indéniable évanouissement du temps, ça serait la ritournelle mélancolique que l'on entend en fond sonore (Winston Tong, The Hunger).

En 1937, Guernica est détruite, Georges VI devient le roi du Royaume-Uni, Mussolini célèbre l'alliance avec Hitler et Franklin Roosevelt débute don deuxième mandat de président des Etats-Unis.

En 1937, on joue au croquet en habit, on a peur du grand-père et on vouvoie ses cousines.

En 1937, mon père avait treize ans et soixante ans plus tard il partait pour toujours, en cinq minutes.

Sur son épitaphe, il souhaitait que l'on indique ce qu'il nous prétendait être son unique titre de gloire : Pierre Moret, abonné au gaz. Quel enfant!

httpv://www.youtube.com/watch?v=RRn0JHXmNMs

Le tatoueur

Le 20 Septembre 2010

Pour la première vidéo de son prochain album, Adam Goldberg a invité comme acteur son ami Mark Mahoney, l'un des tatoueurs les plus remarquables des USA. En 1977, Mark fait ses débuts (immortalisés par Nan Goldin) au sein de la scène punk alors que la pratique du tatouage est illégale. Dans les années 80, il est l'initateur du mouvement "black and grey" issu du quartier des gangs de East LA. Aujourd'hui, Mark est rangé des voitures (à ce propos, il ne se déplace que dans l'une de ses deux Studebaker Avanti dessinée en 1962 par Raymond Loewy) et officie au Shamrock Social Club, son tattoo shop situé sur Sunset Blvd.

Nan Goldin, "Mark tattooing Mark", Boston, 1978. From "The Ballad of Sexual Dependency"

Mark chez Adam Goldberg pendant le tournage de "The Room", 18 Septembre 2010

"Indépendamment de la dimension artistique, ce qui me passionne est de pouvoir partager ce moment fort de la vie des gens car le choix d'un tatouage fait souvent écho à un amour, une blessure, une passion ou un rêve". Au delà de son talent et de sa gentillesse incommensurable, l'homme est probablement l'une des "gueules" les plus stylées qu'il m'ait été donnée de rencontrer. Personne ne s'y trompe : un film sur Mark a récemment été réalisé par Ari Marcopoulos à la demande de Stefano Pilati, directeur de la création chez Yves Saint-Laurent, souhaitant illustrer une des sources de son inspiration pour sa collection printemps-été 2011.

httpv://www.youtube.com/watch?v=SkWGgnSLXeo&feature=player_embedded

Mireille Mathieu, ta gueule!

Le 15 Septembre 2010

Des blagues rances et un spectacle grotesque offerts par une bande de réactionnaires mal-baisés (ou pas du tout) manifestant contre l'exposition de Murakami au Château de Versailles considérée comme insulte au patrimoine et à la grandeur de la France.

SI nul n'est contraint d'apprécier les oeuvres de l'artiste japonais, on a du mal à comprendre un tel comportement haineux à l'égard d'une proposition artistique. L'ambiance délétère que font régner Sarkozy et ses sbires (dont l'immonde Hortefeux) à l'encontre de tout ce qui est étranger ou moderne ne fera sans doute qu'attiser un peu plus cette attitude rétrograde ancrée dans une partie de la population française (j'ai bien dit une partie).

Il n'empêche, ce complexe de supériorité du "bon goût" braqué sur les splendeurs passées font que Paris (jadis centre mondial artistique) est devenu la capitale d'un pays de seconde catégorie tant sur le plan de la création que du marché de l'art.

Finalement, il est savoureux d'imaginer que ces vieilles pies radoteuses de Versailles ont certainement la moitié de leur garde-robe griffée au nom de Louis Vuitton, une marque récemment déniaisée par un certain Murakami.

httpv://www.youtube.com/watch?v=mq3mSm948Hs

Alors que je viens de poster cet article, je tombe par hasard sur un article de Philippe Sollers écrit en 1999 dans Le Monde, trois ans avant que Jean-Marie Le Pen ne se retrouve au deuxième tour des élections présidentielles. L'article s'appelle "La France moisie" et est plus que jamais d'actualité.

Elle était là, elle est toujours là ; on la sent, peu à peu, remonter en surface : la France moisie est de retour. Elle vient de loin, elle n’a rien compris ni rien appris, son obstination résiste à toutes les leçons de l’Histoire, elle est assise une fois pour toutes dans ses préjugés viscéraux. Elle a son corps, ses mots de passe, ses habitudes, ses réflexes. Elle parle bas dans les salons, les ministères, les commissariats, les usines, à la campagne comme dans les bureaux. Elle a son catalogue de clichés qui finissent par sortir en plein jour, sa voix caractéristique. Des petites phrases arrivent, bien rancies, bien médiocres, des formules de rentier peureux se tenant au chaud d’un ressentiment borné. Il y a une bêtise française sans équivalent, laquelle, on le sait, fascinait Flaubert. L’intelligence, en France, est d’autant plus forte qu’elle est exceptionnelle.

La France moisie a toujours détesté, pêle-mêle, les Allemands, les Anglais, les Juifs, les Arabes, les étrangers en général, l’art moderne, les intellectuels coupeurs de cheveux en quatre, les femmes trop indépendantes ou qui pensent, les ouvriers non encadrés, et, finalement, la liberté sous toutes ses formes.

La France Moisie (extrait), Philippe Sollers, printemps 1999.

httpv://www.youtube.com/watch?v=PqX5GHZKA_4

A l'arrière des berlines, on devine.

Le 13 Septembre 2010

En voiture, je n'aime pas être le passager et quand je suis obligé d'aller derrière, c'est carrément l'angoisse. Pour tromper l'ennui, je prends des photos de tout et n'importe quoi (je dois avoir 300 photos de mecs se grattant l'oreille derrière le volant de leur voiture au feu rouge) ou je tente le fameux flou artistique que je ne réussis qu'une fois sur cent. En voilà un que j'aime bien, pris ce week-end à Santa Monica.

Autumn

Le 8 Septembre 2010

La photographe américaine Autum de Wilde a suivi son ami Elliott Smith pendant plusieurs années et les portraits issus de cette collaboration (notamment la pochette de Figure 8) illustrent idéalement l'atmosphère du songwriter disparu : légère, grave et émouvante. Ces photos sont rassemblées dans un livre mettant en lumière la connexion limpide entre la musique et l'image ("Elliott Smith" par Autum de Wilde, préfacé par Beck, publié par Chronicle Books en 2007 et disponible sur Amazon).

En bonus du livre, une reprise inédite de All My Rowdy Friends Have Settled Down de Hank Williams Jr., chanson sur le temps qui passe, enregistrée au Largo de Los Angeles et dans laquelle on entend le rire sans doute trop rare d'Elliott Smith.

[wpaudio url="http://www.sundaymemories.com/wp-content/uploads/2010/09/05-All-My-Rowdy-Friends-Have-Settled-Down-Live.mp3" text="Elliott Smith - All My Rowdy Friends Have Settled Down"]

Rancho Mirage

Le 3 Septembre 2010

Je suis complètement hypnotisé par cette publicité vantant les mérites de Rancho Mirage, un condominium pour retraités middle-class de la banlieue de Palm Springs digne des parents de Jerry Seinfeld.

Si les américains n'ont pas le monopole du mauvais goût, on peut dire que le leur est différent du nôtre. On reste pantois devant le bronzage qui dézingue et le polo de Monsieur, la coiffure et le sourire constipé de Madame, le verre de rosé pourri, les couleurs à vomir du décor et l'abruti en arrière-champ faisant semblant de préparer son cocktail.

A bien y réfléchir et sans faire de sociologie à deux sous, cette photo est une bonne illustration de la différence de mentalité entre la vieille Europe et l'Amérique. Quand l'image de deux retraités dansant dans un restaurant vide sous un slogan tarte à la crème nous plie en deux de rire ou nous donne le cafard, on imagine la plupart des américains émus par cette image du bonheur ("oh my god, this is so cute"). De manière générale et à l'opposé du cynisme européen, l'état d'esprit américain est un mélange de naïveté et d'enthousiasme. Ce que nous avons plus de mal à comprendre, c'est que ce trait de caractère leur apporte aussi l'optimisme et l'entrain juvénile dont nous manquons souvent.